Après des siècles à glorifier les pouvoirs successifs, quel rôle est désormais confié à l’historiographie marocaine ? Institutionnalisée en 1961 par le roi Hassan II, la fonction d’historiographe du royaume n’est pas seulement un héritage folklorique des temps passés. Elle tient encore à marquer l’Histoire de son temps…
Le prince Moulay Rachid, en personne, à la tête d’un cortège funéraire. Une image rare livrée le 13 novembre 2008 depuis le cimetière Achouhada de Rabat, et qui fait alors le tour de l’actualité marocaine. Le défunt s’appelle Abdelouahab Benmansour. Sa fonction ? Historiographe du roi. Bien entendu, ce personnage marquant reçoit les honneurs qui lui sont dûs par l’Etat marocain, mais l’implication des membres de la famille royale en dit davantage encore. Benmansour, qui a commencé à servir le trône et le roi Mohammed V dès 1957, devient quelques années plus tard l’historiographe officiel du roi, celui du tout jeune Hassan II. Il occupe cette fonction qui pourrait sembler aujourd’hui anachronique jusqu’à sa mort en 2008. Le flambeau ne s’est pas éteint et continue à être transmis depuis. L’intérêt pour ce poste a même été récemment vivifié avec la parution du roman à succès «L’Historiographe du royaume» (éd. Grasset) de l’auteur français Maël Renouard. Mais que sait-on exactement de ce rôle, souvent fantasmé ? D’après le dictionnaire Larousse, l’historiographe est «un écrivain chargé officiellement d’écrire l’histoire de son temps ou d’un souverain». Une définition simple mais qui répond aux attentes de Hassan II, qui entame son règne au début de l’ère post colonial.
Par Sami Lakmahri
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