Religion et orientation politique sont-elles forcément liées ? Quels étaient les intérêts de la communauté juive marocaine à travers l’histoire récente ? Autant de questions qui aident à comprendre le choix des juifs marocains face aux aléas de l’histoire, surtout pour ceux qui ont marché à contrecourant en contestant le pouvoir établi. L’historien Jamaâ Baida nous explique pourquoi.
Pour commencer, quels étaient les intérêts politiques de la communauté juive marocaine avant le XXème siècle ?
Contester les pouvoirs établis allait à l’encontre des intérêts des juifs marocains. La minorité était placée sous la protection («Al Himaya») du sultan en premier lieu. Certains sont quelquefois doublement ou triplement protégés. Outre les sultans, ils bénéficiaient de la protection d’une puissance étrangère, souvent à travers leurs activités commerciales, et quelquefois par des seigneurs locaux. Je cite dans ce cas Ishoua Corcos qui entretenait d’excellentes relations avec le Pacha El Glaoui par exemple. C’est dire que la population juive, menacée en tant que minorité, avait tout intérêt à se placer sous ces différentes formes de protection octroyées par les tenants du pouvoir.
La religion influe-t-elle sur l’orientation politique de la communauté juive ?
Pas la religion directement puisque les préceptes du judaïsme ne donnent pas de directives politiques. Mais dans les années 1930, le fait d’être juif vous écartait du Mouvement national naissant. Lorsqu’apparaît en 1934 « Koutlat al amal al watani » (le Comité d’action national), première structure nationaliste, ses membres étaient sommés de jurer fidélité à la cause la main sur le Coran. Les fondateurs, au nombre de dix, comme les compagnons du Prophète, font de l’islam la pierre angulaire de leur combat politique.
Propos recueillis par Sami Lakmahri
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