Connait-on vraiment la vie et l’œuvre de Léon l’Africain ? Malgré une littérature abondante, les spécialistes continuent à explorer les multiples facettes de ce personnage fascinant de notre histoire. C’est le cas de Oumelbanine Zhiri, professeure à l’université de Californie, qui a dédié à Hassan al-Wazzan une large partie de sa recherche depuis les années 1990. Elle nous explique la singularité de cet homme et pourquoi les écrits de Léon sont incomparables avec ceux de son époque. Pour elle, l’héritage de Léon l’Africain continue de traverser les âges…
Vous êtes l’une des spécialistes reconnues de Hassan al-Wazzan. Qu’est-ce qui vous a immédiatement fascinée chez lui au point de lui consacrer de nombreux travaux ?
Ce qui me fascine le plus, c’est avant tout la qualité de son travail. Bien sûr, sa vie aventureuse et son franchissement des frontières qui séparent les cultures et les civilisations, ajoutent à l’intérêt qu’il suscite. Mais cela n’aurait pas été suffisant pour retenir mon attention, s’il n’avait pas aussi été un géographe de génie.
Pensez-vous que la vie et l’œuvre de Hassan al-Wazzan mériterait plus de considérations de la part des historiens maghrébins et marocains en particulier ? Sa conversion au catholicisme aurait-elle pu avoir une influence en ce domaine ?
Je ne voudrais surtout pas parler au nom des historiens, et présumer des raisons pour lesquelles ils se réfèrent ou non à une source. Je ne suis d’ailleurs pas sûre que l’influence de Hassan al-Wazzan soit véritablement réduite en Afrique du Nord. Je constate d’ailleurs que, relativement récemment, en 2011, a été publiée au Maroc une excellente collection de travaux sur le Maroc à l’époque wattasside, d’après la « Description de l’Afrique » de Hassan al-Wazzan, sous la direction du chercheur Mohamed Stitou. Pour moi, ce genre de publication illustre un engagement sérieux des historiens avec cette œuvre, qui leur permet d’approfondir des sujets comme les armes à feu, la minorité juive, ou le commerce transsaharien à l’époque de Hassan al-Wazzan.
Propos recueillis par Sami Lakmahri
Lire la suite de l’interview dans Zamane N°126