L’islamisation profonde des terres marocaines a d’abord été le fait des tribus amazighes, qui ont pourtant résisté à la pénétration des premiers conquérants arabes porteurs de la nouvelle religion.
L’islamisation du Maghreb en général, et du Maroc en particulier, a été un processus graduel, c’est-à-dire long et difficile. La méthode forte de certains généraux et gouverneurs arabes a permis de conquérir de larges territoires, mais pas les cœurs, qui emprunteront d’autres chemins pour adhérer, pleinement, à la nouvelle religion venue d’Orient. Les investigations des historiens s’accordent sur le fait que ce qui motivait les vagues de conquête du Maghreb n’était pas seulement la transmission de l’Islam en tant que religion et spiritualité, mais aussi l’appât du gain et de l’enrichissement. L’importance des butins était telle que les califes, à Damas ou Baghdad, pouvaient parfois fermer les yeux sur les abus des généraux et des gouverneurs qui administraient ces nouveaux territoires. À l’origine de l’islamisation du Maroc, il y a donc un acte militaire, une conquête animée par la foi des envahisseurs, mais aussi par une volonté de puissance et de domination. Un désir d’empire couvait dans l’esprit des guerriers arabes, auxquels la religion a fourni une motivation, une vocation et de nouvelles règles de vie à partager avec les peuples conquis. Les troupes musulmanes arrivées au Maroc étaient porteuses de deux projets : le premier de nature politique et militaire, le second était davantage religieux et spiritueux. Les Amazighs, de leur côté, ont rejeté et combattu le premier, mais accepté et adhéré au second. Jaloux de leur indépendance, ils ont opposé une grande résistance aux régiments arabes, et à l’arrogance et aux abus de certains gouverneurs venus d’Orient.
Par Younes Mesoudi
Lire la suite de l’article dans Zamane N°159