L’élimination de grandes figures publiques a depuis longtemps constitué le procédé le plus courant des règlements de compte politiques. Certains ont fini par marquer le temps et les mémoires.
Léon Trotski : le leader bolchevik est assassiné le 20 août 1940 à Mexico. Il y est alors installé après des années d’exil, de détention et de déportation ordonnés par Staline. Farouche opposant au dirigeant soviétique justement, il est éjecté du gouvernement en 1924 puis du parti communiste en 1927, avant d’être exilé puis banni de l’URSS. Les années de traque mènent les agents de Staline à éliminer Trotski au Mexique. Avec Lénine, il est connu pour avoir réussi la révolution d’Octobre 1917, fondé l’armée rouge et être sorti vainqueur de la guerre civile de 1918. Il a créé l’Internationale ouvrière en 1919.
Martin Luther King : une des figures du mouvement antiségrégationniste américain a été tuée le 4 avril 1968, dans le balcon d’un hôtel à Memphis (États-Unis). Martin Luther King s’y est rendu la veille, en soutien à la grève des éboueurs noirs. Son leadership est alors en déclin, mais il essaye encore de rassembler les foules en défendant la non-violence comme solution et espérant éviter des scènes d’accrochages à la fin des meetings. À ce jour, son assassinat reste un mystère. Malgré l’inculpation de James Earl Ray dans l’affaire, les accusations n’ont pas épargné l’ancien directeur du FBI Edgar Hoover, ou encore Lyndon B. Johnson. La thèse d’une conspiration s’est confirmée en 1999, quand le jury de Memphis a admis que l’acte de Ray n’était pas isolé.
Anouar Sadate : le président égyptien est assassiné le 6 octobre 1981, lors d’un défilé militaire célébrant le huitième anniversaire de la guerre du Kippour. Les deux membres de l’armée égyptienne ayant attaqué le président ont été tués sur les lieux du défilé, qui a été également théâtre d’une explosion causant plusieurs morts et blessés. Les soldats impliqués seraient affiliés à un mouvement intégriste, d’autant que l’attentat a été revendiqué par une organisation de libération égyptienne méconnue, basée à Beyrouth. Sadate avait réussi une réinstauration de la paix avec Israël après de longues discussions. Après l’assassinat, le vice-président Hosni Moubarak prit les commandes du pays.
Bachir Gemayel : fondateur et commandant des Forces libanaises en 1976, Bachir Gemayel devient président du Liban après les élections d’août 1982. Dix jours avant l’investiture, il est assassiné le 13 septembre dans un attentat visant les locaux de son parti. Bachir Gemayel a voulu en finir avec les milices dans le pays, y compris les membres de l’OLP à Beyrouth. Il a fait alors une alliance militaire avec Ariel Sharon, lui valant plusieurs tentatives d’assassinat. Le 15 septembre, Ariel Sharon réagit en massacrant les réfugiés palestiniens de Sabra et Chatila.
Samir Kassir : éditorialiste du quotidien libanais An-Nahar, le journaliste et historien Samir Kassir est assassiné le 2 juin 2005 à Beyrouth. Sa voiture a été piégée par un engin explosif télécommandé. Quelques mois avant sa mort, il a été aux premiers rangs des manifestations ayant conduit au retrait des troupes syriennes du Liban, en avril 2005. Défenseur de la cause palestinienne, il s’est fait remarquer par ses écrits depuis 1981. À l’époque, il s’est réfugié en France et a entamé sa collaboration avec Le Monde diplomatique, alors qu’il était âgé de 21 ans.
Chokri Belaïd : secrétaire général du parti Front populaire tunisien, Chokri Belaïd est assassiné à Tunis le 6 février 2013 devant son domicile. Les proches de Chokri Belaïd reprochent au parti islamiste Ennahdha d’avoir laissé s’installer un climat ayant favorisé l’assassinat. Les détracteurs d’Ennahdha son nombreux et tous lui reprochent son appui aux salafistes ayant exécuté l’attentat. Quelques mois plus tard, Mohamed Brahmi, une autre figure de la gauche tunisienne est assassinée de la même manière : il est tombé sous des balles tirées à bout portant, le 25 juillet, devant son domicile.