Le 14 avril 1964, un évènement vient clore la «Guerre des Sables» qui a vu s’affronter les armées marocaines et algériennes. Les deux pays procèdent à un échange de prisonniers. Leur nombre est le meilleur indicateur du rapport de force militaire…
C’est ainsi que s’achève généralement les conflits. Après une signature de cessez-le-feu, les deux belligérants consentent à restituer au camp adverse les prisonniers capturés durant les batailles. La «Guerre des Sables» ne fait pas exception. Dans la nuit du 14 au 15 avril 1964, soit un peu plus de six mois après l’accord de cessez-le-feu signé sous la supervision de l’OUA (Organisation pour l’Unité Africaine), le 5 novembre 1963, Rabat et Alger échangent discrètement leurs prisonniers dans l’extrême-ouest algérien. Les deux voisins appliquent en ce sens la Convention de Genève de 1949 qui régit les lois durant les conflits armés, et qui définit les prisonniers de guerre comme étant «les combattants qui au cours d’un conflit armé international tombent aux mains de la puissance ennemie». Résultat des comptes, l’ANP (Armée Nationale Populaire) restitue 57 prisonniers marocains tandis que les FAR (Forces Armées Royales) livrent 379 détenus de guerre algériens. En raison du figement des positions des uns et des autres au moment du cessez-le-feu, aucun vainqueur n’est désigné sur le terrain.
Le comptage de prisonniers devient alors le meilleur indicateur du rapport de force militaire qui s’est joué en cette fin d’année 1963. La majorité des prisonniers algériens, soit 200 soldats, sont capturés durant la même bataille, certainement la plus intense du conflit. Elle se déroule le 25 octobre, près de la localité de Hassi Beïda et permet aux FAR d’opérer une percée décisive qui les fait approcher à seulement 12 kilomètres de Tindouf. Quant au bilan humain, le nombre officiel de morts marocains est de 39 soldats tués. D’autres sources évoquent près de 200 victimes. Du côté algérien, le conflit a fait «plus de 850 morts», selon le chiffre donné par le ministre algérien des Affaires étrangères, Ramtane Lamamra, en 2021. Au final, l’indicateur des chiffres de prisonniers, ajouté à celui des pertes humaines, orientent vers une issue favorable au Maroc durant la Guerre des Sables. Pour rappel, les hostilités débutées officiellement le 8 octobre 1963, avec la mort de dix membres des forces auxiliaires marocains à Tinjoub tués par l’ANP, s’achève avec la signature du cessez-le-feu le 5 novembre. Un accord rendu possible grâce, essentiellement, à la médiation du Mali et de l’Ethiopie scellée lors des accords de Bamako.