Quel est l’autre versant du personnage public ? Pour saisir la personnalité complexe de Abdelkrim Khatib, Zamane a rencontré sa fille, Hind, qui raconte les rapports du docteur avec ses enfants, avec le roi, l’islamisme, etc.
Quel rapport entretenait le docteur Khatib avec les femmes de sa famille ?
Elles ont toutes fait des études et connu des trajectoires bien différentes. Pour lui, il était fondamental que les filles suivent un enseignement de qualité et, surtout, soient libres de leurs choix. Il a lui-même déclaré publiquement que ni son épouse ni ses filles ne portaient le voile. D’ailleurs, même sa propre mère ne le portait pas et se contentait d’un léger foulard. Evidemment, certaines limites étaient de rigueur. Nous ne pouvions pas porter des mini-jupes par exemple et nous nous en accommodions parfaitement. Mon père ne nous laissait pas seulement vivre cette liberté chez nous, mais aussi en public. Je me souviens lorsqu’il a réuni pour la première fois les membres de ce qui allait devenir le PJD pour débattre des actions à mener en faveur de la guerre en Bosnie, j’avais tenu à y participer car la cause m’intéressait beaucoup. À cette occasion, comme dans d’autres d’ailleurs, il n’avait aucune gêne du fait de ma présence, bien au contraire, il était ravi de me voir sensible aux combats qu’il menait. J’avais été très impressionnée par la discipline des militants islamistes qui me faisait penser à la rigueur communiste d’une autre époque. Ils étaient venus par petits groupes discrets au théâtre Mohammed V de Rabat, lieu de la rencontre. La salle comble était divisée en deux. D’un côté les hommes, de l’autre les femmes.
Propos recueillis par Sami Lakmahri
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