Il fut un temps pour le Maroc où posséder une flotte maritime était devenu, plus que tout, une source d’ennuis et de tracasseries. En 1803, du fait d’incidents maritimes mineurs, le pays se trouva embourbé dans une guerre ouverte conte les Etats Unis d’Amérique. Suffisant pour convaincre le royaume de liquider sa flotte maritime, une fois pour toutes.
Les relations avec les nations chrétiennes ont longtemps été basées sur cette perspective dualiste, dans laquelle le monde serait divisé en deux camps antagonistes, celui de la croyance (iman) et l’autre de l’incroyance (kufr). Selon l’optique islamique, cet antagonisme entre dar al islam d’une part et dar al kufr d’autre part ne sera résolu que par le triomphe du royaume de Dieu dans lequel l’incroyance n’aura plus de place. En attendant, il ne peut y avoir qu’une trêve (hudna, sulh) entre les deux camps et les « gens du Livre » devront payer la jizya (tribut), contre quoi ils auront la protection, la paix et la sécurité de leurs personnes et de leurs biens. Ainsi, plusieurs pays chrétiens dont les navires devaient transiter par les eaux territoriales marocaines avaient accepté de payer une jizya annuelle au sultan. Tel fut le cas de la Suède et du Danemark par exemple, et ce jusqu’en 1844. Entre le Maroc et les nations chrétiennes, des traités de paix étaient conclus et régulièrement renouvelés, mais toujours sur la base d’un tribut annuel en échange de la sécurité de navigation près des côtes marocaines.
Ce tribut était parfois remplacé par des présents substantiels. C’était notamment le cas avec certaines grandes puissances comme la France ou l’Angleterre, qui n’admettaient pas qu’on leur applique le statut humiliant de la dhimma. Les pays qui refusaient de se conformer à ces arrangements se voyaient automatiquement classés dans la case de dar al harb. Leurs bateaux, cargaison et équipage compris, devenaient dès lors un butin de guerre légitime.
Par Mohamed El Mansour
Lire la suite de l’article dans Zamane N° 60