Au lendemain de l’indépendance, le Maroc doit revoir tous ses effectifs. Les corps constitués sont larvaires, les partis sont désorganisés, voire désunis, l’administration est exsangue, l’armée balbutiante… D’un côté, le Palais, et de l’autre, l’Istiqlal, chacun essaie de placer ses pions.
Suite au retour du roi Mohammed V sur son trône le 16 novembre 1955, un certain vide s’installe sur le plan de la sécurité. Car la police coloniale, sur la défensive, décide de se faire discrète. Pour combler ce vide relatif, trois forces nationales, plus ou moins structurées sur le plan territorial, collaborent : le Parti de l’Istiqlal (PI), l’Union Marocaine du Travail (UMT) et la Résistance. Il y a aussi d’autres organisations moins importantes, comme les Bérets Verts du Parti de la Démocratie et de l’Indépendance (PDI) ainsi que ses scouts. Mais la majorité de ces organisations font long feu dès les premières semaines de l’indépendance.
Intermède et insécurité : 1955-1956
Mais il n’y a pas que les forces collectives qui contribuent à maintenir la paix. Il y a aussi des personnalités populaires, qui se sont imposées par leur action patriotique contre le colonialisme. Elles participent à faire baisser la tension en appelant au calme. En fait, des groupes armés font régner le désordre et l’insécurité dans plusieurs régions du pays. Parmi les grands dirigeants nationalistes qui usent de leur aura pour rassurer la population, un seul leader n’appartient à aucune des trois forces susmentionnées : le roi Mohammed V. Le Makhzen, discrédité par sa collaboration avec le colonisateur et ses prises de position anti-youssefistes, est comme paralysé.
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