Plusieurs pays ont eu du mal à gérer la relation islam-politique. L’issue semblait passer à travers l’école et dès le plus jeune âge. Deux exemples, que nous traitons aujourd’hui, ne semblent pas avoir réussi à concilier les deux.
Le cas de la Tunisie
Au lendemain de l’indépendance, en 1956, Habib Bourguiba est un président convaincu des bienfaits de la laïcité à la française. Très vite, il lamine, ni plus ni moins, les institutions religieuses du pays. Dans un premier temps, il s’occupe de «la nationalisation des Habous publics puis privés (et des zaouias), puis la suppression de l’administration des Habous (décrets des 31 mai et 18 juillet 1957), qui ont abouti à limiter considérablement les ressources financières de l’appareil religieux, désormais financièrement dépendant de l’État », écrit Franck Frégosi, directeur de recherches au CNRS. Après avoir déplacé le domaine religieux dans le giron de l’Etat, Bourguiba s’attelle au démantèlement de la Zitouna, considérée comme l’une des plus vieilles universités du monde arabe, en 1961. A l’époque moderne, c’est la Zitouna qui forme l’élite intellectuelle et les cadres du pays. Après le Protectorat, elle se replie sur la théologie, le droit et la littérature arabe et se voit mise en concurrence avec le collège Seddiki, bilingue (français et arabe) et beaucoup plus moderne. Pour Zitouna, le début du déclin commence. En 1961, Bourguiba lui porte donc le coup de grâce en « éliminant délibérément tout le réseau social bâti autour de la Zitouna de toutes les sphères d’influence et de responsabilité de la société (…) Sans moyens et sans débouchés, les Zitouniens commencent à vivre une très longue phase de marginalisation », relate le militant et bloggeur Yassine Ayyari, sur le site collectif Nawaat.org.
Par Nina Kozlowski
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