« Les programmes sont une affaire d’Etat ; changer un programme, c’est changer la structure de distribution du capital, c’est dépérir certaines formes de capital. [La] culture légitime est la culture d’Etat. » (Bourdieu). Dans ce sens, les programmes d’histoire reflètent ce que l’Etat juge digne d’être transmis aux élèves. Qu’en est-il au Maroc ?
Au moment où l’on s’interroge sur la réforme à mener en matière d’enseignement de l’histoire, il n’est pas sans intérêt d’examiner les acquis et les lacunes des programmes en cours. Mais auparavant, rappelons que la réforme de l’enseignement de l’histoire en 2002 a été, comme les précédentes, élaborée dans la marginalisation la plus totale des universitaires, historiens et didacticiens de l’histoire, dont l’indépendance, la liberté d’esprit et la compétence sont pourtant de nature à apporter ces « plus » qui, jusqu’ici, avaient fait défaut à notre enseignement de l’histoire. Le recours tardif à quelques historiens a permis quelques additifs et même une approche novatrice (l’histoire moderne de la Méditerranée), mais la réforme était déjà très engagée. Prendre un train en marche n’est pas équivalent à lui tracer un itinéraire. Une évaluation objective du curriculum en cours permet de dire que, s’il se démarque nettement du précédent et innove sur un certain nombre de points en matière d’apprentissage, il est cependant loin de satisfaire les attentes des Marocains, particulièrement sur le type d’histoire qu’on veut leur inculquer. Tant pour les contenus des programmes que pour les apprentissages qu’ils impliquent, je mettrai en valeur les acquis et les lacunes des programmes d’histoire actuels avant d’émettre, en conclusion, des propositions pour la nouvelle réforme qui s’annonce.
Par Mostafa Hassani Idrissi
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