En France, le Front National, parti d’extrême-droite, fait souvent référence à la bataille de Poitiers qui a opposé les troupes de l’émir de Cordoue à Charles Martel en 732. Quelle est la réalité de ce fait historique devenu le symbole de la victoire contre « l’invasion arabe » ?
« Je suis Charlie Martel ». Ces propos de Jean-Marie Le Pen surviennent au lendemain de l’attaque terroriste contre l’hebdomadaire satirique français «Charlie Hebdo» en janvier 2015. Le fondateur du Front National fait allusion à une référence devenue courante dans les milieux d’extrême-droite. La bataille de Poitiers, survenue en l’an 732, serait, selon cette lecture, le symbole suprême du rempart français contre l’islam et les Arabes. Charles Martel aurait ainsi protégé le royaume des Francs contre les velléités expansionnistes des Omeyyades d’Al-Andalus. D’une manière plus globale, le monde chrétien, dont les ancêtres des Français seraient les champions, a su freiner l’islam dans un choc des civilisations qui n’aurait pas déplu à Samuel Huntington. Défaits, les musulmans auraient été cantonnés dans la seule péninsule ibérique. Aujourd’hui, ce discours, inspiré d’une certaine lecture de l’histoire de France, correspond parfaitement aux orientations voulues pour la campagne du Front National dirigé par Marine Le Pen. Lutte contre l’immigration et dénonciation de la menace islamique en sont les principaux ingrédients. Les adversaires de l’extrême-droite s’immiscent également dans le débat sur la symbolique de la bataille de Poitiers. Pour eux, ce fait historique serait secondaire et l’affrontement ne serait qu’une banale escarmouche.
Par Sami Lakmahri
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