En parcourant les routes du sud, il nous arrive d’apercevoir sur une crête ces fortifications impressionnantes qu’on pourrait prendre pour une casbah ou un château fortifié? Ces fortifications n’étaient pas destinées à un besoin militaire.
Les agadirs du Souss ont attiré l’attention des voyageurs européens dès la fin du XIXème siècle. Charles de Foucauld en fait mention dans sa “Reconnaissance au Maroc”, mais il fallait attendre la “pacification” française au cours des années 1920 pour voir les premières études, comme celles de Robert Montagne ou Jacques Meunié. Selon ce dernier, les agadirs, dont l’aspect ressemblait aux châteaux forts, n’étaient en fait que des greniers collectifs, des “constructions fortifiées, souvent très vastes, dans lesquelles les Berbères de la montagne emmagasinent leurs récoltes et tous les objets qui leur sont précieux : actes, argent, bijoux, vêtements, tapis, et autrefois armes et munitions”. L’agadir, ce grenier collectif fortifié, on le rencontre principalement chez les sédentaires de l’Anti-Atlas et du Haut-Atlas oriental où il est connu sous le nom d’ighrem. D’autres régions berbères du Maroc ont connu cette institution sous des formes et des noms différents aussi. Ainsi, dans le Rif occidental, il existe encore des restes de ces greniers collectifs qu’on appelle “aqrar”, chez les Beni Zjel près de Chefchaouen. Robert Montagne, qui les avait découverts par hasard au début du siècle dernier en a donné une idée très approximative, car son domaine de recherche privilégié se trouvait dans le sud de la zone du Protectorat français.
Par Mohamed El Mansour
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