Malgré une histoire commune parsemée de conflits, l’Espagne privilégie l’analyse à la critique militante lorsqu’il s’agit d’écrire sur le Maroc. Mais sans s’interdire, parfois, de publier des ouvrages plus corrosifs… qui passent souvent inaperçus.
L’analyse de la production bibliographique espagnole sur le Maroc au cours du dernier quart de siècle relève d’un certain intérêt académique, centré sur la situation économique et sociale du royaume. Les écrits sont parfois très critiques, surtout quand ils sont dédiés aux années de plomb sous Hassan II. C’est le cas, par exemple, du travail (documenté et rigoureux) de Laura Feliu, avec Le Jardin secret. Les défenseurs des droits de l’homme au Maroc, publié en 2004. Mais dans la plupart des cas, ces ouvrages privilégient l’approche analytique plutôt que l’écriture pamphlétaire. C’est que l’Espagne, contrairement à la France, n’a jamais été, à quelques exceptions près, un pays d’accueil pour des opposants marocains. En revanche, certains ouvrages emblématiques de cette littérature «de combat» publiés en France ont été traduits. Parmi eux : Option révolutionnaire pour le Maroc de Mehdi Ben Barka, publié à Barcelone en 1967, « Notre ami le roi » de Gilles Perrault, publié sous l’auspice du quotidien Diario 16 et préfacé par le professeur de sciences politiques Ramón Cotarelo, ou encore A qui appartient le Maroc de Moumen Diouri, édité en 1992, mais qui est passé complètement inaperçu.
En réalité, il manque en Espagne une tradition propre de littérature biographique élogieuse ou «à charge», sur la monarchie marocaine. Est-ce par manque d’intérêt du public ou par calcul éditorial ? Difficile de répondre à la question.
Par Bernabé López García
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