Le travail de l’historien s’apparente à celui d’un juge d’instruction ou d’un journaliste d’investigation. à ceci près qu’il n’a pas à rendre une sentence, à juger comme le magistrat, ni à sommer l’opinion de prendre parti, comme le journaliste toujours prompt à tirer des effets de manche de son article.
L’historien Marc Bloch observait que la scission des historiens entre Robespierristes et anti-Robespierristes continuait, dans la France de l’entre deux-guerres, à obscurcir le débat sur la Révolution française toujours d’actualité. Et de conclure : «Mais enfin, dites-moi qui fut Robespierre en réalité ?». La question pourrait être facilement transposée au Maroc à une époque plus contemporaine : mais Hassan II, enfin, qui était-il exactement par-delà l’écran de fumée des passions antinomiques ?Là, je crois, commence le travail de l’historien. Dire ce qui fut, le flux des événements passés, et platement, bêtement, ennuyeusement, pour paraphraser Charles Péguy : je pense aux camps de concentration de Vichy dans l’est marocain et aux bagnes de la monarchie hassanienne. Et cette injonction prend encore plus de relief au temps des fake news et de la pensée post-moderne, qui tourne en dérision toute la quête de la vérité.
Par Daniel Rivet
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