Dans sa toute dernière interview, accordée au journal français «Libération», l’idéologue et leader socialiste Omar Benjelloun soutient la politique de Hassan II au Sahara et y voit un moyen de renforcer la gauche. Les détails.
«Il n’y a pas eu deux résistances, une marocaine et une sahraouie, mais un seul et unique mouvement». C’est avec cette idée que le militant de gauche Omar Benjelloun tentait de convaincre le journaliste français Jean-Louis Hurst sur le sentiment d’appartenance au Maroc des Sahraouis, lors de sa dernière interview, accordée en décembre 1975 au journal «Libération», juste après la Marche Verte et quelques jours avant son assassinat. Provoqué par le journaliste, Benjelloun défend la souveraineté du Maroc au Sahara et y voit même l’occasion pour la gauche de conjuguer libération du sud et révolution politique et sociale, et d’exiger des réformes démocratiques de la part de Hassan II. D’autant que «le peuple se remet à parler, se mobilise». À propos de cette libération, il déclare : «Nous avons demandé qu’elle se fasse par un mouvement populaire armé. Il (Hassan II) a dévié cela en marche pacifique, mais il a été contraint d’armer l’armée en laquelle il n’avait plus confiance. C’est un atout redoutable contre le régime. C’est le début d’un engrenage». Concernant la «pacification» du Sahara par l’armée marocaine, l’opposant affirme : «On ne fait pas d’omelette sans casser des œufs. Même si cela devait renforcer la féodalité, je m’en fous. La féodalité passera, le Sahara restera».