La série de manifestes réclamant l’indépendance du Maroc aboutit en janvier 1944 à un soulèvement populaire de trois jours. Retour sur une insurrection étrangement marginalisée par l’Histoire officielle.
Janvier 1944. L’Europe est sur le point d’être libérée du joug nazi tandis que le Maghreb est sous la coupole des Forces françaises libres, dirigées par le Général de Gaulle. Enhardis par la Charte de l’Atlantique qui encourageait l’autodétermination des peuples ainsi que par les espoirs entretenus par les Américains, les nationalistes marocains signent plusieurs manifestes afin de réclamer l’Indépendance. D’abord, celui écrit de la main de Abdelkhalek Torres et signé par les nationalistes du nord le 14 février 1943. Ensuite, deux autres manifestes publiés, coup sur coup, les 11 et 13 janvier 1944. Le premier est l’œuvre du parti de l’Istiqlal alors que le second est un document du PDI de Mohamed Hassan El Ouazzani. Sauf que les autorités coloniales ne l’entendent pas de cette oreille. Le 28 janvier, Ahmed Balafrej est emprisonné. Le lendemain, la capitale s’embrase. Des milliers de Marocains protestent dans les rues de Rabat. La contestation ne tarde pas à gagner la ville jumelle de Salé, avant que Fès ne se soulève à son tour le 30 janvier. C’est la stupeur du côté de la Résidence générale qui répond par une répression des plus sanglantes. Des chars d’assauts sont envoyés aux manifestants qui périssent par dizaines, alors que des centaines d’autres sont arrêtés. Si l’Histoire officielle ne fait que peu de cas de ce soulèvement, il n’en demeure pas moins que les trois jours où le peuple a réclamé bruyamment son désir d’Indépendance auront constitué un tournant dans la lutte du Maroc pour son indépendance.
Par Mostafa Bouaziz
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