A l’heure où le RNI (Rassemblement National des Indépendants) occupe l’antichambre du gouvernement, Zamane se penche sur la genèse d’une mystérieuse formation politique. Créé autour de la personnalité d’Ahmed Osman, le parti de la colombe ne tardera pas à prendre son envol. Histoire d’une fable politique
Parti d’administration », « parti cocotte minute », les surnoms du RNI sont décidément peu flatteurs. Pour cause, l’origine de sa naissance est aujourd’hui un secret de polichinelle. Oui, le RNI est une pure création du régime post-État d’exception. Oui, le RNI a été l’instrument qui a permis une redistribution du jeu politique. Oui, le RNI n’est pas un parti qui a connu une évolution « naturelle ». Mais les raccourcis s’arrêtent là. Force est de constater que depuis son existence officielle en 1978, le RNI est un parti qui compte. Aujourd’hui, ses cadres évitent soigneusement l’ombre d’un passé peu reluisant. Difficile pour eux de revendiquer une légitimité historique et populaire. Une réalité qui se dresse, fatalement, comme un obstacle à l’ultime épreuve des urnes.
À la fin des années 1970, le parti de la colombe était un outil aux mains du régime pour assurer sa domination et sa mainmise sur un échiquier politique renaissant. Quelques années auparavant, Hassan II décide de mettre fin à l’Etat d’exception qu’il a lui-même décrété en 1965. La brouille entre la monarchie et les partis d’opposition traditionnels ne peut durer éternellement si un semblant de retour à la norme est envisagé. Bien que le souverain aborde cette période en position de force suite à la Marche verte de 1975, il doit tout de même préparer une contre offensive pour freiner l’appétit légitime de ses opposants, sevrés de responsabilité politique durant de longues années. C’est précisément dans ce contexte que commence à germer l’idée d’un parti affilié à l’administration. À l’approche des élections municipales de 1976, le risque de subir un raz de marée istiqlalien ou de l’USFP est réel. La menace est encore plus sérieuse concernant l’échéance des législatives prévues pour 1977. Afin d’éviter le pire, l’État encourage dans un premier temps le phénomène des « indépendants ». Ces derniers sont pour la plupart de petits notables ou des cadres de l’administration ayant pris place au sein de l’appareil étatique durant l’état d’exception. Ils ont donc déjà servi le Makhzen et sont prêts à le refaire. Ne manque plus qu’une structure politique digne de ce nom autour d’un personnage influent et respecté. Le futur Rassemblement National des Indépendants (RNI) se trouve un parrain: Ahmed Osman, gendre de Hassan II.
Par Sami lkhmahri
Lire la suite de l’article dans Zamane N° 35