Ce n’est pas un hasard si l’islam marocain se réclame d’abord du malikisme (ou malékisme). C’est grâce à ce «format» que la société marocaine, longtemps tiraillée et travaillée par des courants hétérodoxes et rivaux, a fini par trouver sa voie.
Le royaume chérifien est malékite, acharite, soufi : trinité qui est le fondement de sa doxa officielle, qui remonte à la naissance de l’état marocain par les Idrissides au VIIIème siècle. Les célébrations de la fondation de l’état marocain viennent régulièrement renforcer cette thèse, présentant le Maroc comme un état chérifien qui a choisi, depuis sa constitution, un islam du milieu. Ce récit, que tous les Marocains connaissent par cœur, ne résiste pourtant pas à l’épreuve de l’étude scientifique et historique, basée sur les sources de l’époque, dont une partie de la correspondance d’Idriss 1er, qui a été découverte et publiée par Abdelouahab Benmansour, historiographe du Royaume de 1961 à 2008, ainsi qu’à l’évolution de la recherche historique par le biais de l’archéologie, des inscriptions épigraphiques, des épitaphes et de la numismatique. Idriss 1er a-t-il réellement fondé l’état marocain ? A-t-il jamais été malékite, ou acharite ? Le doute existe. Et ce pour deux principales raisons : Idriss, ce descendant d’Ali, était un Zaydite notoire, un proto-chiite qui était envoyé par son frère Yahya pour mobiliser des troupes et amasser des richesses, avant de revenir en Orient pour l‘appuyer dans son projet de conquête du Califat, tenu alors par les Abbassides.
Par Mehdi Michbal
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