Pour les nationalistes, les résistants et les syndicalistes, il était le «P’tit père». Respecté, voire vénéré, ce pionnier de la lutte anticoloniale a pourtant quasiment disparu du Panthéon de la mémoire collective. Pour quelle raison ? Début de réponse
Pour la majorité des Marocains, Brahim Roudani est un illustre inconnu. Pour les Casablancais, il s’agit d’une importante artère qui borde le célèbre quartier du Maârif. Pourtant, parmi les anciens résistants, syndicalistes ou autres vieux nationalistes, son nom est évoqué avec sympathie, grand respect, reconnaissance, voire vénération. L’homme est alors présenté comme un nationaliste de la première heure, un précurseur du syndicalisme marocain et un père fondateur de la résistance armée au colonisateur. Il était même connu dans ces milieux sous le vocable honorifique de «P’tit père», le grand étant évidemment le sultan Mohammed Ben Youssef. Ce personnage phare avait ses entrées au Palais et un réseau d’amis marocains de toute origine sociale, de toute confession, ainsi que d’Européens, Espagnols et Français, y compris des inspecteurs de police. Ce grand personnage a été tué le 5 juillet 1956, au tout début de l’indépendance du Maroc. Son assassinat est resté à ce jour non élucidé.
Un traumatisme collectif
Plus surprenant encore, ses actions anticoloniales, son rôle de dirigeant nationaliste, d’organisateur de la résistance ou du syndicalisme, ont été marginalisés par les différents discours sur l’histoire récente du Maroc, même en milieu universitaire. Pourquoi ? S’agit-il d’un complot ? On pourrait le penser. Mais il semblerait plutôt que son assassinat ait été vécu par les acteurs politiques de l’époque comme un traumatisme national. Un acte dont le degré d’horreur n’a d’égal que le sacrifice consenti par des martyrs pour la partie. Au-delà du petit groupe d’exécuteurs, tous les acteurs se sont sentis responsables de ce drame. Les militants d’hier pour l’indépendance du pays, unis dans l’action, étaient en ce début de l’année 1956 montés les uns contre les autres, alimentant les tensions, les haines, les compétitions, au point où le risque d’une guerre civile n’était pas une simple hypothèse mais une réalité en gestation.
Par Mostafa Bouaziz
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En effet, d’autres héros de l’histoire sont encore oubliés : M. Brahim AKORRI proche des révolutionnaires qu’étaient Brahim ROUDANI (tous deux nées et issus de la même région voisins de villages) et très proche de BENBARKA (dont il a été le protecteur) ou Abderrahman YOUSOUFI … un homme oublié de l’histoire, enterré dans le caveau des résistants, une rue est supposé porter son nom à casa … Oublié parce que combattant des années noires sous Hassan 2 … peut-être …