Entre savoir et pouvoir, ce grand intellectuel du Moyen-Age n’a jamais choisi. Conseiller des plus grands sultans du monde arabe, il a également livré une somme d’ouvrages majeurs dont le caractère innovant, et donc forcément déplaisant, lui a valu une reconnaissance tardive.
Inventeur de la sociologie avant Auguste Comte pour certains, théoricien du matérialisme avant Karl Marx selon d’autres, Ibn Khaldûn est aussi considéré comme le fondateur de l’Histoire par les Arabes qui l’ont redécouvert au XXe siècle. Ce que l’on doit en tout cas retenir de son œuvre, c’est son caractère innovant. Ibn Khaldûn est en effet le premier à avoir donné la priorité à l’étude de terrain, observant la nature pour expliquer le religieux et non l’inverse comme ses confrères de l’époque. Ce qui ne lui a pas valu que des amitiés et explique pourquoi sa pensée a été ignorée de son temps.
Ibn Khaldûn a pourtant légué une œuvre considérable, tant par son étendue que par sa qualité. Nous retiendrons particulièrement ici la Muqaddima, qui introduit le Livre des Exemples et constitue la partie théorique préalable à son Histoire universelle. De par sa taille et son succès, cette introduction s’est progressivement détachée du reste pour devenir une œuvre totalement indépendante. Ibn Khaldûn y a également ajouté une Autobiographie, achevée un an avant sa mort. Une somme de nombreux renseignements sur son parcours académique et professionnel, qui permettent de mieux comprendre sa personnalité et le cadre dans lequel il a entrepris d’écrire son Histoire universelle.
Par Pierre-Alain Defossé
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