Printemps arabe, révoltes, révolutions, automne islamiste… les mots ne manquent pas pour caractériser la période et les événements que vivent les pays de la rive sud de la Méditerranée. Quand on regarde un an en arrière, on se sent presque impuissant devant la cascade d’événements majeurs que presque personne n’avait vu arriver si vite.
En Tunisie, Ben Ali a fui ; en Egypte, Moubarak risque la peine capitale ; en Libye, Kadhafi a été lynché ; au Yémen, Saleh a organisé son départ ; en Syrie, Assad semble en sursis… «Qui sera le sixième ?» (chkoun houa assadiss ?), se demandent aujourd’hui certains Marocains, exprimant, avec une certaine dose de provocation, l’inquiétude et l’incertitude qui règnent au Maroc et dans l’ensemble du monde arabe. Car notre beau royaume est encore loin de pouvoir refermer la parenthèse d’une contestation qui, certes, a faibli, mais qui reste tributaire de l’évolution de la situation dans les autres pays arabes. L’Etat marocain, avec à sa tête le roi et son Makhzen, a toujours témoigné, quand ses fondamentaux étaient menacés, d’une grande capacité à gérer les crises dans l’urgence. C’est encore une fois ce qu’a fait Mohammed VI, parvenant, à partir du discours du 9 mars, à reprendre la main sur le Mouvement du 20 février. Débat constitutionnel, référendum, élections législatives, nouveau gouvernement… en un an, il est indéniable que le Maroc a bougé et changé. Cette évolution répond-elle pour autant aux attentes des Marocains ? Les marcheurs du dimanche, qui réclamaient des changements radicaux, ont-ils obtenu satisfaction ? Force est de constater que beaucoup de mécontents ont choisi, pour l’instant, d’accorder un état de grâce au gouvernement islamiste. Par ricochet, c’est aussi la monarchie et le système makhzénien qui bénéficient de ce répit. Mais rien n’est encore fini.
Par Souleïman Bencheikh
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