Engoncés dans une Amérique puritaine et consumériste, les représentants de la Beat Generation ont fait de la ville du détroit leur capitale. Fondatrice de leurs œuvres, elle n’est cependant restée qu’un fantasme ; un paradis artificiel.
Ça aurait pu être n’importe quel endroit dans le monde. Mais la main de Dieu, ou celle du hasard le plus complet, a fait en sorte que ce soit Tanger. À l’origine de ce qu’on appelle la Beat Generation, dont la ville du détroit n’est rien de moins que la terre promise : Paul Bowles. Sa femme Jane et lui visitent Tanger pour la première fois en 1931. Coup de foudre. Ils s’y installent pour de vrai en 1947. D’abord, Paul Bowles, musicien et compositeur à New York pour le cinéma et les comédies musicales de Broadway, s’intéresse à la musique traditionnelle marocaine, qu’il enregistre lors de ses voyages dans le pays. Puis il se met à l’écriture. Et obtient la reconnaissance avec son premier opus : «Un thé au Sahara» (1949), sorte de road-movie sur un jeune couple d’Américains qui fuit sa civilisation post-Seconde guerre mondiale pour tenter de s’aimer en Afrique. Il enchaîne ensuite avec «Let it come down» (1952), où l’on suit la trajectoire d’un banquier américain à la recherche d’une nouvelle vie à Tanger, ville corrompue jusqu’à la moelle avant l’indépendance. Puis, «La Maison de l’Araignée» (1954), un roman sur le pouvoir colonial et la naissance du Mouvement national marocain. En parallèle, avec Jane, il traduit aussi des histoires racontées par les conteurs locaux. Bref, Paul Bowles, armé de son style littéraire froid et détaché ainsi que de sa vision du monde « noirissime », contribue à la connaissance et la reconnaissance de Tanger auprès de nombreux artistes et écrivains anglo-saxons.
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