En juillet 1994, le roi Hassan II surprend tout le monde en annonçant une amnistie générale en faveur de plus de 400 exilés ou prisonniers politiques. Les opposants sont eux-mêmes pris de court. La dernière page des années de plomb vient d’être tournée. Que cache ce grand pardon ?
«Ce qu’à fait Hassan II, aucun autre chef d’Etat dans le monde ne l’a fait». M’barek Bouderka, opposant de la première heure et fondateur du Rassemblement des exilés politiques marocains en France (REPOM), reconnaît l’ampleur du geste royal. à la fois inattendue mais réclamée pour une normalisation politique, l’amnistie générale de 1994 vient confirmer la fin d’une période. Celle communément appelée « années de plomb », qui court au Maroc depuis le début des années 1960, caractérisée par une répression féroce qui vise essentiellement les adversaires politiques et idéologiques de la monarchie. Emprisonnements, tortures, disparitions ou exil, le sort réservé aux opposants et contestataires est impitoyable. Membres de la gauche radicale, militaires impliqués dans les coups d’Etat, islamistes, syndicalistes ou simples manifestants, des milliers de Marocains sont en fuite ou incarcérés dans les prisons et bagnes secrets du royaume. C’est ainsi que, au début des années 1990, à l’heure où Hassan II est sommé d’ouvrir une brèche démocratique, que la question des prisonniers et des exilés s’invite dans l’actualité.
Par Sami Lakmahri
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