La grande sociologue marocaine, décédée le 30 novembre 2015, laissera une trace profonde auprès de ses lecteurs, mais aussi de ses amis et ses condisciples.
Grande a été notre émotion à l’annonce de la mort de Fatima Mernissi, nous ses amis, ses collègues, ses proches et ses admirateurs, mais aussi, je pense, avec nous, tous ceux qui ont suivi sa carrière dans le monde entier, en Amérique, en Europe, dans les pays du Maghreb et du Moyen-Orient, où elle était connue et appréciée. J’ai eu personnellement beaucoup de mal à réaliser que Fatima Mernissi ne soit plus parmi nous, car elle avait acquis dans nos vies une place naturelle comme symbole d’un idéal d’engagement social, de rigueur, mais aussi de beauté et d’élégance. Elle avait sur la vie et le monde un regard souriant et tranquille, plein d’ironie mais aussi de bienveillance, ne recelant ni hâte ni fébrilité. Elle avait une joie de vivre contagieuse, parce que sans avidité, une joie qu’on lisait dans ses grands yeux et sa voix claire et harmonieuse, une joie qui rayonnait d’elle dans l’amitié sincère et le partage. Elle avait une générosité qu’elle savait répandre avec tact et discrétion. Sachant déceler en chacun ce qu’il avait de meilleur, elle avait le don de le faire ressortir et valoir avec simplicité. Avec un art qui lui était propre, elle provoquait la réflexion par des idées de prime abord étranges ou paradoxales, mais qu’elle savait présenter de manière séduisante qui remportait toujours l’adhésion.
Par Abdesselam Cheddadi
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