Depuis toujours, les sultans des différentes dynasties qui ont gouverné le royaume ne pouvaient le faire sans l’appui de notables locaux. Sinon d’armées locales acquises au pouvoir central. Le Maroc pluriel était déjà en marche.
En se baladant dans le Fahs (arrière-pays) de Tanger, on est frappé par des noms de groupements humains dont les noms renvoient à des tribus situées à plusieurs centaines de kilomètres à l’est dans le Rif oriental : Gzenaya, Temsamane, Battiwa… Un Rif en miniature tout près des colonnes d’Hercule. Comment donc ce Rif oriental s’est-il déplacé vers le détroit de Gibraltar ?
Jusqu’au XVIe siècle, le pouvoir politique au Maroc était d’essence tribale, c’est-à-dire que les dynasties régnantes n’étaient en fait que des tribus à la tête de l’Etat. A partir des Saadiens, la base du pouvoir politique glisse vers le religieux, et ce sont dorénavant les zaouias (comme les Dilaites) ou les chorfa (comme les Saadiens et les Alaouites) qui seront portés au pouvoir. En termes khaldouniens, ces nouvelles dynasties chérifiennes manquaient de ‘assabiya (esprit de corps) tribale et devaient nécessairement chercher leur force dans des alliances tribales. C’était le cas des Alaouites qui, en partant à la conquête du pays à partir du Tafilelt dans la première moitié du XVIIème siècle, devaient s’appuyer sur des contingents tribaux, en attendant de constituer une armée professionnelle qui les rendrait plus indépendants vis-à-vis de la société qu’ils souhaitent soumettre.
Par Mohamed El Mansour
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