Fin 1947, Mohamed Ben Abdelkrim est discrètement mis en contact avec des responsables français. Le but, trouver un rapprochement avec la France, sans que l’Espagne le sache. L’émir cherchera à négocier, mais surtout dessinera un futur que les Français n’auraient jamais imaginé.
S’il a été un ennemi implacable des Espagnols, puis le grand adversaire des Français durant la Guerre du Rif (1921-1927), Mohamed Ben Abdelkrim El Khattabi, connu mondialement sous le nom de Abdelkrim, ne s’est jamais interdit de parler avec les seconds. Pour les premiers, il était hors de question de le faire, la haine réciproque, constante et jamais démentie, a empêché un quelconque rapprochement. Même durant la révolte du Rif de 1958, noyée dans le sang par le Makhzen. Un an après le déclenchement de la Guerre du Rif, en 1921, Abdelkrim envoie en France un émissaire en la personne de son frère M’hammed. Nous ne savons pas encore la teneur exacte du message que voulait transmettre le Rifain aux Français, mais selon toute probabilité il voulait leur expliquer que la guerre avait été déclarée à l’Espagne et non pas à la France, dont le protectorat n’englobait pas le Rif. Mais à Paris, aucune personnalité importante ne reçoit son frère. Il en gardera un souvenir amer. Après sa reddition aux Français en 1926, Abdelkrim soigne ses relations avec la France durant son long exil sur l’île de la Réunion, protestant à plusieurs reprises de son amitié sincère envers ses vainqueurs et de sa bonne foi. Après sa fuite de Port-Saïd, le 31 mai 1947, on aurait pensé que les relations avaient été définitivement rompues avec Paris. En réalité, il n’en fut rien.
Adnan Sebti
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