Au Maroc, l’art de gouverner reposait en grande partie sur un art de vivre bien particulier. Sultans et gouvernants en ont souvent apporté la preuve.
Une fois au pouvoir, les dynasties régnantes devaient montrer non seulement qu’elles étaient puissantes militairement et administrativement, mais elles devaient également frapper les esprits par leur faste et leur apparat pour rappeler au peuple qu’elle avait toujours la haute main en tout ce qui concerne le savoir-vivre. Un domaine dans lequel les gouvernants insistaient pour s’accaparer le rôle de leader qui donne le ton et trace la voie à suivre. Selon Ibn Khaldoun, toute dynastie, une fois au pouvoir, doit nécessairement laisser derrière elle les traditions de la vie nomade ou tribale caractérisée par la rareté des ressources et l’austérité et adopter un mode de vie urbain dans lequel l’abondance et le raffinement sont à la base de la vie de palais. C’est une étape nécessaire dans la vie des dynasties qui au contact du luxe perdent leur ‘asabiya et deviennent par conséquent plus faibles par rapport à leurs concurrents tribaux qui sont encore à «l’état sauvage» dans les déserts et les steppes. Car le luxe et le raffinement portent en eux les germes de la ruine et la décadence, nous dit Ibn Khaldoun. Mais pour lui ce n’est là qu’un fait de la vie, une loi universelle qui s’applique aux dynasties comme elle s’applique aux individus.
Par Mohamed El Mansour
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