L’islam a inscrit la charité parmi les devoirs essentiels du musulman à travers la zakat et le ‘Ouchour (la dime). Mais ce n’est qu’avec l’épanouissement du soufisme à partir du XIIe siècle que l’hospitalité s’est consolidée comme une norme essentielle de la mystique maghrébine.
En fait, la société islamique n’a pas attendu l’émergence des zaouias pour découvrir les valeurs de l’entraide sociale. Très tôt dans l’histoire de l’islam, le waqf s’est imposé comme une institution primordiale dont la mission était de recueillir les donations et de les répartir au profit des nécessiteux. Le waqf finançait tout ce qui revêtait un caractère cultuel (mosquées et leur personnel), les services de santé (maristanate ou hôpitaux), l’éducation (rémunérations des enseignants et bourses d’études), et bien plus. Au Maroc, c’est le waqf qui prenait en charge tout ce que nous appelons aujourd’hui les fonctions sociales de l’Etat, car le Makhzen ne s’occupait essentiellement que de la sécurité et de l’administration. Avec la consolidation du soufisme à partir du XIIe siècle, les zaouias et les marabouts vont jouer un rôle croissant dans la gestion de l’assistance sociale.
Cette assistance consistait essentiellement à fournir de la nourriture « It’am al ta’am », aux invités et à tous ceux qui frappaient à leur porte. Le célèbre saint marocain Abou Ya’za (mort en 1177), plus connu sous son nom populaire de Moulay Bouazza, avait fait de l’hospitalité toute une doctrine mystique et rappelait à ses disciples qu’il ne devait sa « perfection spirituelle » qu’à l’hospitalité qu’il offrait à ses visiteurs. Un autre saint berbère du Souss, Sidi Ahmad Ou Mousa (mort en 1606), exhortait ses disciples à manifester de la générosité envers les nécessiteux en insistant qu’il ne pouvait concevoir qu’un invité quitte sa zaouia tout en ayant encore faim.
Par Mohamed El Mansour
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