Bien avant la Conférence d’Algésiras, l’Espagne et la France ont secrètement négocié le partage du Maroc pendant vingt mois. Les deux pays ont vite été rattrapés par la rumeur.
En 1906, le sort du Maroc est scellé lors de la Conférence d’Algésiras. En réalité, la France et l’Espagne avaient déjà convenu de se partager le royaume plusieurs années auparavant, lors de “négociations secrètes” qui ont duré vingt mois entre 1901 et 1904. C’est en tout cas la thèse d’un ouvrage intitulé « Aux portes du Protectorat », écrit par l’historien Francisco Manuel Pastor Guarrides, professeur d’histoire contemporaine à Valence (Espagne), publié en 2013 et récemment distingué par un prestigieux prix d’Histoire à Séville. Selon l’auteur donc, dès la fin du XIXème siècle avec la perte de Cuba, la monarchie espagnole s’inquiète de l’émergence d’un nouvel ordre mondial. Alors que les Espagnols sont chassés de l’île, les Etats-Unis obtiennent la mainmise sur ce territoire et déploient leur troisième flotte dans l’Atlantique. En plus d’être humiliée, l’Espagne craint que les Américains ne s’intéressent aux îles Canaries et les Baléares. En parallèle, la France est en train d’étendre son emprise sur l’Algérie et lorgne les territoires du Sahara sous domination du sultan marocain. Afin d’obtenir un bout du Maroc, pays qu’elle ne peut dominer seule, l’Espagne choisit de négocier secrètement avec les Français. Mais des rumeurs de “partage” sont diffusées dans la presse parisienne, faisant état d’un Maroc atlantique accordé à l’Espagne et d’un Maroc méditerranéen et saharien à la France, ou encore toute la région de Fès aux Français et la province de Marrakech aux Espagnols.