A l’époque de la colonisation, les autorités françaises ont cherché à réglementer la prostitution au Maroc et dans l’ensemble du Maghreb. Sous prétexte d’enrayer les maladies vénériennes, elles ont mis en place une politique racialiste, moraliste et capitaliste. Le tout pour mieux asseoir leur domination?
Au XIXème siècle, l’univers de la prostitution nord-africaine est d’une rare richesse. Cet univers réunit plusieurs mondes : celui des concubines-esclaves confinées aux harems, des artistes-courtisanes quasi fantasmagoriques et cultivées d’esprit, celui aussi des esclaves-domestiques souvent cantonnées aux travaux les plus subalternes et aux sexualités les plus illicites. Le tout étant combiné avec la possibilité d’épouser quatre femmes…
Autant de figures et de combinaisons qui régulent la sexualité masculine des élites maghrébines, et rend dérisoire le recours à une prostitution purement mercantile, de type occidentale. D’ailleurs, les prostituées «stricto sensu» occupent, en réalité, une place minoritaire jusqu’à la mise en place de la domination française. Le plus souvent, elles exercent la nuit, au sein de domiciles privés ou dans les cafés. « Considérées comme des femmes rebelles à la tradition (elles ne portent par exemple pas le voile), elles sont néanmoins exposées aux répressions de la police des mœurs. Même minoritaire, la prostitution pré-coloniale est ainsi déjà soumise à une certaine réglementation (dans les régions sous régime ottoman, les prostituées doivent verser une redevance aux autorités) et fait l’objet d’un commerce contrôlé par des groupes sociaux dominants », nous explique la sociologue Natalie Benelli.
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