Lors des législatives de 1977, la machine makhzénienne s’est déployée pour empêcher le leader de l’USFP, devenu ministre d’Etat, d’accéder au parlement.
Abderrahim Bouabid n’était pas seulement le premier secrétaire de l’Union socialiste des forces populaires (USFP), mais surtout une figure de proue du nationalisme démocratique, un négociateur de l’indépendance et un compagnon de Mehdi Ben Barka.En 1975, après une rupture de presque dix ans entre la mouvance nationaliste et Hassan II, s’ouvre une nouvelle ère de compromis politique, dont Bouabid est l’un des principaux artisans. Le roi propose en effet un «consensus» autour de l’affaire du Sahara et promet un processus de «démocratisation» du système politique. C’est dans ce contexte que Abderrahim Bouabid accepte le poste de ministre d’Etat, avalisant ainsi le cadre constitutionnel existant, c’est-à-dire la constitution de 1972 qu’il refusait jusqu’ici. Les premières élections législatives dans le cadre de ce compromis sont annoncées pour juin 1977. Auparavant, les municipales de 1976 s’étaient déroulées dans un climat de fraude et d’interventionnisme musclé des services du ministère de l’Intérieur. Les bases de l’USFP ne sont donc pas convaincues du bien-fondé de participer aux législatives, qui « ne seraient qu’une autre mascarade ». Les plus réticentes sont les sections de la région du Souss (sud-ouest). Comme il s’agit d’une des régions où l’USFP est la plus implantée, la défection de cette base partisane mettrait à mal sa stratégie d’«élargissement de la marge démocratique». Pour parer à cette éventualité, Bouabid, premier secrétaire, décide de se présenter aux élections à Agadir, capitale du Souss, pour soutenir les autres candidats de la région et «garantir un minimum de compétition démocratique».
Par Mostafa Bouaziz
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