En cette triste nuit du 29 février 1960, une violente secousse rase la perle du Souss. Agadir, ville martyre, vient alors de subir la plus grande tragédie de son histoire.
Le bilan du séisme est terrifiant. Plus de 15.000 personnes meurent sous les décombres. Les blessés se comptent également par dizaines de milliers et des quartiers entiers sont rayés de la carte. Sans le savoir, Mohammed V entre dans sa dernière année de règne. Elle commence par un immense et sincère chagrin. Mais le souverain n’est pas fataliste. Lors de son discours adressé à la nation le lendemain de la catastrophe, il exhorte ses sujets à l’action : «La parole est incapable de décrire cette calamité. L’heure n’est pas aux discours, car ceux que Dieu a sauvés attendent de nous des actes de solidarité, mais non point des pleurs et des paroles».
Indépendant depuis seulement quatre ans, le royaume se cherche encore un chemin. À l’international, le pays semble adopter une position de leader du Tiers-Monde, se heurtant par la même occasion aux intérêts des puissances coloniales, dont la France, avec laquelle les brouilles se multiplient. En interne, la situation est encore plus confuse. L’après-indépendance est marquée par des troubles politiques entre le mouvement national, l’armée de libération et le Palais. Dans ce contexte, la tragédie d’Agadir, d’abord facteur d’unité nationale, sert par la suite d’épilogue politique qui voit le futur roi Hassan II redessiner le paysage marocain.
Par Sami Lakmahri
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