Retour sur le parcours d’un socialiste pur jus, qui a connu et probablement incarné, à sa manière, les promesses plus ou moins tenues par une génération porteuse de si beaux projets pour le Maroc indépendant.
En mars 1982 et à l’occasion de la fête du trône, que HassanII tenait à fêter dans le faste, le roi accorda sa grâce à trois chevaliers de l’USFP (Union Socialiste des Forces Populaires). Il s’agissait de Abderrahim Bouabid, Mohamed Elyazghi et Mohamed Lahbabi. Le roi les avait incarcérés à la suite d’un communiqué publié par leur parti après qu’il ait accepté la formule du référendum pour le Sahara occidental, au sommet de l’OUA (l’Organisation de l’Unité Africaine) en août 1981. Non seulement le roi avait tenu à les enfermer, mais il s’est arrangé de les envoyer dans un lieu chargé de symboles : Missour. Il les avait mis dans un lieu là où l’administration coloniale avait l’habitude d’emprisonner les élites marocaines qui remettaient en cause son autorité. HassanII savait qu’au moins deux de ces leaders de l’USFP comprenaient la métaphore. Il s’agissait de Bouabid et de Lahbabi que le roi ne connaîssait que trop bien pour les avoir pratiqués surtout lors de leur court passage au Gouvernement Abdellah Ibrahim à la fin des années cinquante.
Leur manière d’avoir géré les affaires publiques avait constitué un point de discorde non avoué de part et d’autre. Abderrahim Bouabid était certes le ministre de l’Économie mais la tête pensante du projet du Maroc moderne et autonome sur le plan économique et industriel était bel et bien Mohamed Lahbabi. Cet homme «amène, aimable, chaleureux et généreux», comme me le décrit son frère Mamoun Lahbabi économiste et romancier, occupait toujours le second plan.
Par Moulim El Aroussi
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