Malgré les très nombreux interdits religieux, les Marocains ont toujours tenté de se distraire, d’écouter de la musique ou de pratiquer certains jeux au nez et à la barbe des censeurs de tous poils.
Bien que de nombreux foqaha considéraient le divertissement «halal» jusqu’à preuve du contraire, en pratique c’est toujours l’esprit réprobateur qui l’emportait. Or, cet esprit estimait que l’islam était avant tout la religion du sérieux et du dévouement, ce qui confinait le divertissement dans des limites très étroites. Cet esprit glorifiait la dureté, considérée comme une force, et voyait la recherche du plaisir et du bien-vivre comme un signe de relâchement auquel il imputait, par ailleurs, la déliquescence de l’état et de la Oumma. En dehors de la piété et du sérieux, point de salut ; ou presque. Parce que les sociétés qui suivaient cette voie, selon cette pensée, étaient vouées à l’échec. Dans leurs écrits, les jurisconsultes employaient le mot «amusement» (al-lah’w) auquel ils donnaient une consonance hautement péjorative. Le chant et la musique étaient généralement rangés dans cette catégorie, de même que les parties de chasse quand elles empiétaient sur le temps consacré à la prière. Tous ces moyens de divertissement étaient alors «accusés» de détourner le croyant de ses devoirs religieux, et de l’éloigner de la voix de la raison. D’où l’appel récurrent à casser les instruments de musique et autres outils de jeux et de divertissement.
Par Mohamed Abdelouahab Rafiqi
Lire la suite de l’article dans Zamane N°156