Héritiers d’une tradition longtemps figée, soumis à de multiples pressions et tentations, les Marocains juifs ont eu fort à faire pour mener, aux côtés de leurs congénères musulmans, le flambeau du changement social. Leur combat, leur résistance, bref, leur « révolution », méritent d’être sauvés de l’oubli.
Au Maroc, la tradition juive, qui est parmi les plus anciennes, s’est longtemps résumée à quelque chose comme « sois juif et tais-toi !». La cohabitation est à ce prix. Comme si les Marocains juifs étaient simplement des « invités ». Les plus pauvres habitaient les Mellahs dans les grandes villes (d’abord Fès, ensuite les autres) ou vivaient pratiquement en autarcie à la campagne. Un enclos. Un petit monde fermé, réglé par des codes et des règles rigides de fonctionnement interne, et duquel peu de choses filtraient. Ils vivaient de petits métiers reliés à la terre, au petit commerce, à l’artisanat.
Les autres, d’extraction sociale plus noble, riches ou lettrés, pouvaient habiter hors des murs (du Mellah). Ils pratiquaient les métiers d’argent et de négoce. Commerçants mais aussi diplomates et conseillers des grands souverains.
Juifs de Mellah ou juifs de cour. Ou assimilés.
Les Marocains juifs ont donc longtemps incarné ce statut de « sujets », peut-être mieux encore que leurs compatriotes musulmans. Parce qu’ils étaient soumis, en plus, à des devoirs supplémentaires (taxes individuelles et communautaires) et à une série de restrictions (professionnelles ou sociales). Cette soumission leur offrant, en contrepartie, une « protection ».
Par Karim Boukhari
Lire la suite de l’article dans Zamane N° 90