Dans un jeu de compétition, les Britanniques et Français se sont neutralisés avant de finir par s’entendre en 1904, en concluant un accord sur ce qu’on appelait «la question marocaine», sur la base de partage territorial, en tenant compte de leurs stricts intérêts. Ce qui ouvrira la porte, plus tard, à la Première Guerre Mondiale….
Aussi surprenant que cela puisse être, l’accord secret entre la Grande Bretagne et la France, en 1904, mais dont les énoncés ne devaient pas être méconnus par les Allemands, portait en germe la Grande Guerre. L’historique de cet accord n’est pas, in fine, qu’une affaire marocaine ou relative à l’histoire coloniale, mais de portée universelle. Il est une des causes de la Grande Guerre, par l’un des aspects qui seront fustigés dans les 14 points de Wilson à la conférence de Versailles en 1919, la diplomatie secrète et l’équilibre des forces (balance of power).
Le Maroc, un enjeu européen
Trois pays avaient, au XIXème siècle, des visées sur le Maroc. D’abord l’Espagne, mue par des motifs historiques et religieux, le tout porté par un élan sentimental, qui voyait le Maroc comme le continuum géographique, et sa politique, la reprise de la Reconquista historique. Mais son élan était limité par sa situation, sa précarité politique, la modicité de son commerce et les rivalités des puissances européennes, particulièrement la Grande Bretagne et la France. Elle caressa le rêve déjà entamé lors de la guerre de Tétouan en 1860, de «récupérer» le Maroc avec lequel, comme le reportait l’historien espagnol Torres Campos, l’Espagne devait un jour former une seule nation.
Par Hassan Aourid
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