Au-delà des frontières terrestres ou géographiques, quelles sont les limites des autres frontières marocaines, celles du savoir, de la pratique culturelle et sociale, voire religieuse ? Jusqu’où s’étendaient-elles ?
La politique ne crée et ne peut créer une nation. La politique trace la frontière géographique matérielle, celle qui oblige et contraint les humains et plusieurs êtres vivants de se déplacer librement. Seuls les poissons et les volatiles échappent à la contrainte de la frontière. À l’ère des états religieux, les êtres humains étaient assiégés par des textes. On se savait chrétien, bouddhiste, musulman ou païen, et on se déplaçait dans les différentes aires géographiques sans quitter, sur le plan spirituel, mental ou comportemental, son territoire. Dans ces grandes aires, on pouvait toutefois trouver des îlots cultuels spécifiques, tel que le judaïsme ou d’autres formes de religiosité. Mais, dans ces aires géo-religieuses, se trouvaient les cultures qui étaient et demeurent beaucoup plus englobantes que les cultes et les dogmes religieux. La culture est comme les êtres vivants, elle se déplace en fonction des mouvements des forces de la nature. Elle s’étale au-delà des frontières.
Ce qui réunit les Arabes en Europe, c’est plutôt la culture. L’islam, transformé par le fait du temps en un ensemble de coutumes, se voit plus proche du chrétien libanais, du copte égyptien, du juif maghrébin, que du Hollandais ou du musulman du Golfe ou celui du Pakistan. La langue, la musique, la cuisine, la danse et la manière d’organiser les fêtes, priment plus que la religion ou la nature du passeport qui rattache administrativement à une aire géographique.
Par Moulim El Aroussi
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