De tous les artistes qui ont égayé les années 1970, comme Vigon, Golden Hands et bien d’autres, Fadoul reste le plus mystérieux et sans doute le plus attachant. Retour sur le parcours d’un chanteur au cœur (et à la voix) en or.
Ce n’est pas un conte de fée mais une histoire à la fois belle et triste, car tout est véridique dans l’incroyable destin de Fadoul, chanteur marocain des années 1970. Il a publié son premier album de funk marocain, il y a 49 ans. Ses disques ont été miraculeusement réédités, par un dénicheur de disques rares au nom de Jannis Stürtz, fondateur du label allemand Jakarta Records et du projet Habibi Funk. Il découvre cet ovni dans une échoppe de vieux appareils électroménagers à Casablanca. Tout au fond de la boutique, une pile de 45 tours intrigue le jeune homme, qui écume les disques jusqu’à tomber sur le 45 tours d’un groupe nommé Fadoul et les Privilèges. Au dos de la pochette, à sa grande surprise, Jannis voit le nom de James Brown en guise de crédit pour le titre de «Sid Redad». Une version audacieuse et atypique du premier tube funk, «Papa’s Got À Brand New Bag» du Godfather of Soul. Malgré les évidentes connexions entre les deux musiciens, Fadoul ne connaîtra jamais le succès, qu’il semble pourtant largement mériter. Il fallait attendre près d’un demi-siècle, pour qu’un mélomane avisé tende une oreille attentive à l’une de ses productions, pour que cette musique traverse le temps pour nous parvenir aujourd’hui, comme par magie. Et dire qu’il s’en est fallu de peu pour que nous passions à côté de cet authentique maître de funk arabe…
Bref, la musique de Fadoul laissait une question en suspens : à qui était destinée cette collection de rythmiques funky? Aux fans de James Brown, pourrait-on répondre aujourd’hui, tant l’esprit de Mister Sex Machine habite la discographie de cet artiste atypique, qui incarne parfaitement les frénétiques, créatives et contestataires années 1970.
Par Myriam Alila
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