Bien avant la domination portugaise, Sebta a vécu entre 1250 et 1328 un épisode particulier et peu connu, en tant que principauté azafide. Nous vous en expliquons les fondements juridiques et économiques, mais aussi la tendance à l’autonomisme politique qui en découle.
Sebta a tenté durant le Moyen âge de se faire une situation indépendante entre le Maroc et les puissances ibériques. Dès qu’elle ne fut pas intégrée dans un Etat puissant, la ville du Détroit tenta de réaliser un difficile équilibre entre le Maroc dont elle fait partie, mais dans lequel elle se trouve en position excentrique, et l’Espagne, chrétienne ou musulmane, toute proche et qui, souvent, guettait l’occasion d’étendre sa domination sur elle. Cette dualité et ces oscillations entre l’Andalousie et le Maroc furent déterminées dans une large mesure par la situation géopolitique qui faisait de la ville une zone névralgique dans le bassin occidental de la Méditerranée. Zone de contacts, de confrontations, mais aussi frontière plus ou moins stable. Aussi joua-t-elle un rôle capital dans l’histoire des relations hispano-africaines.
Clé de l’Espagne ou clé du Maroc ?
Pour les chrétiens, l’importance de Sebta était essentiellement d’ordre économique. Pour les Musulmans, sa valeur était aussi stratégique. Son incorporation à l’Etat central marocain a toujours été un symbole de la puissance des souverains. Aussi n’ont-ils jamais cessé de s’efforcer de la reprendre chaque fois qu’elle leur échappait. Les auteurs arabes du Moyen âge la qualifient de «clé de l’Andalousie». La restauration de l’autorité almoravide puis de celle des Almohades et des Mérinides, à Sebta, fut la préface de leur intervention en Espagne. Avec sa flotte, Sebta ne cessa d’être leur redoutable base opérationnelle. C’est grâce à elle que l’existence de l’islam a pu se maintenir plus longtemps en Andalousie.
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