Le champ partisan marocain se caractérise par une mosaïque subdivisée des formations politiques. Au niveau des programmes, les orientations ne se répartissent que sur quelques mouvances difficilement différenciables. Le champ politique, par contre, se caractérise, depuis l’Indépendance, par la centralité de la monarchie. Hégémonique, elle est également l’acteur politique principal. C’est elle qui influe sur les stratégies déployées dans le champ politique. Elle est l’acteur principal de la structuration de ce même champ. Comment alors s’articule l’éparpillement du champ partisan avec la centralité de la monarchie dans le champ politique ? Le champ politique et le champ partisan sont des objets qui s’appréhendent au sein d’une conjoncture déterminée. Ce même éparpillement est une caractéristique de la conjoncture actuelle. Sauf que cette configuration s’explique, entre autres, par l’histoire. Le dossier, que vous avez entre les mains, vous propose un retour sur les dates et les évènements marquants de cette balkanisation du champ partisan.
Il fut un temps où les écrits sur les développements politiques au Maroc se structuraient autour de deux acteurs : d’un côté, le Palais ; de l’autre, le Mouvement National. Les majuscules ici caractérisaient l’unicité. La réalité historique est beaucoup plus nuancée. Il s’agit dans les faits de deux mouvances qui ne se réduisent pas à un seul acteur. Issues toutes deux du nationalisme marocain, l’une est porteuse d’une orientation de libération nationale et d’un nationalisme aspirant à une forme de démocratisation de l’État ; l’autre incarne un nationalisme monarchique prônant une vision conservatrice de la société et de l’État. C’est la première mouvance qui a été le premier terreau où des partis politiques allaient éclore. C’est aussi en son sein que le scissionnisme allait s’illustrer et prendre sa forme chronique.
C’est probablement vers 1931, dans la foulée des manifestations monstres dénonçant la promulgation du « Dahir réglementant les juridictions en pays de coutumes » (16 mai 1930), qu’est né le Parti national, premier parti dans la zone du protectorat français. En zone espagnole, les nationalistes avaient quelques années d’avance : Hadj Abdeslam Bennouna, personnalité charismatique du nord du Maroc, avait entamé, dès 1916, la mobilisation de masse pour les idées nationalistes. Les premiers noyaux couvraient les villes de Tétouan, Larache, et Ksar El Kébir.
Par la rédaction
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