Gilbert Grandval a passé cinquante jours à la Résidence générale, en 1955 au Maroc. C’est court, et pourtant il a vécu la période la plus intense et tumultueuse du Protectorat. Libéral convaincu mais trop frileux et sans doute peu soutenu par ses supérieurs, il a tout fait pour apaiser les tensions. Chronique d’une tentative de sauvetage.
Une sonnerie de téléphone vient troubler la quiétude bucolique de Sarrebruck, petite ville allemande. Ce 14 juin 1955, Gilbert Grandval, alors ambassadeur de France auprès du Land de la Sarre depuis la fin de la Seconde guerre mondiale, ancien résistant et gaulliste tendance de gauche, décroche le combiné. Il se retrouve en ligne avec Armand Bérard. Ce dernier, conseiller diplomatique du président du Conseil de France, Edgar Faure, souhaite le voir “de toute urgence”. Soit. Une heure après, son téléphone sonne à nouveau. Il s’agit cette fois d’un certain Jacques Duhamel, directeur de cabinet d’Edgar Faure, qui lui annonce que le président désire le rencontrer en personne. Le rendez-vous est pris à 19h au domicile particulier de Faure. Grandval ne sait absolument pas ce qui l’attend, mais pense immédiatement à la situation critique de la France au Maroc. Jacques Lemaigre-Dubreuil, capitaine d’industrie au Maroc, fraîchement converti aux idées libérales, vient d’être assassiné trois jours plus tôt, le 11 juin, sans doute par des ultras français d’extrême droite.
Par Nina Kozlowski
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