L’évidence est désormais implacable. Les populations du Rif portent encore les stigmates de l’acharnement des armées espagnole et française durant le conflit colonial qui les a opposées aux troupes de Ben Abdelkrim Khattabi (1921-1927). Le taux de cancer qui touche la région est anormalement élevé. Selon les derniers travaux du chercheur marocain Mimoun Charqi, il ne fait aucun doute que l’utilisation d’armes chimiques pendant la guerre en est la cause. L’État marocain a bien essayé d’engager des négociations avec l’Espagne pour tourner cette triste page de l’Histoire, mais il semble que la société civile rifaine veuille prendre le relais. Dans son édition de la veille, le quotidien espagnol El Pais fait état de l’envoi de courriers à l’adresse du président François Hollande et du souverain ibérique Felipe VI. Les auteurs des missives sont des ONG marocaines, dont l’Association pour la Défense des Victimes de la Guerre du Rif. L’objet de cette intervention serait d’abord de demander aux deux chefs d’État de reconnaître clairement la responsabilité de leurs deux pays dans le massacre chimique contre le nord du Maroc, puis de faire le nécessaire pour entamer le dédommagement. Il est question d’installer des hôpitaux qui pourraient soulager les Rifains. Plus de 90 ans après les faits, le combat pour la Justice est loin d’être gagné.
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