Artistes, hommes de lettres et des arts, politiciens,… L’année 2014 a douloureusement marqué les familles, les amis et les proches de noms marocains, connus ou moins connus, qui viennent de tirer leur révérence cette année. La rédaction de Zamane rend hommages à quelques-uns parmi ces regrettés disparus.
Abdelkader El Brazi, l’esprit fair-play
Le 24 janvier 2014, l’ancien gardien de but de l’AS FAR succombe à un cancer. À l’âge de 49 ans, Abdelhak Labrazi était déjà trente-six fois membre de la sélection nationale. Pour la relève de son ancienne équipe, il avait laissé un héritage des bonnes pratiques du football qui ont fait les périodes glorieuses de son club autant que celles de l’équipe nationale marocaine. Aujourd’hui, son esprit fair-play est encore pris en exemple par ses anciens coéquipiers, ses fans et la nouvelle génération de footballeurs.
Mohamed Guessous, le sociologue engagé
Un des sociologues marocains parmi les plus chevronnés nous a quittés en février de l’année 2014. Né en 1938 à Fès, Mohamed Guessous fait ses études au Canada et aux États-Unis. Il enseigne par la suite à l’Université Mohammed V de Rabat. Guessous est connu dans le pays pour avoir mis en place les premiers jalons d’une sociologie allant de pair avec un engagement politique. En plus d’avoir été un ancien membre du bureau politique de l’USFP, il inscrivait son engagement dans une réflexion critique poussée. Il reprendra celle-ci dans ses nombreux ouvrages et publications, dont Les défis de la sociologie au Maroc.
Mahdi Elmandjra, le futuriste distingué
En 2014, le domaine des sciences humaines et sociales au Maroc perd un ténor de plus. Après une licence en biologie et en sciences politiques, puis un Ph. D. en économie, Mahdi Elmandjra enseigne à partir de 1958 à l’Université Mohamed V de Rabat. Entre 1961 et 1981, il devient Premier conseiller de la Mission permanente du Maroc auprès des Nations Unies. Parallèlement et à partir de 1977, il est président de la Fédération mondiale des études du futur. Il est également membre de l’Académie du Royaume du Maroc, de l’Académie africaine des sciences, ainsi que de l’Académie mondiale des arts et des lettres. Son parcours d’intellectuel est distingué cinq fois par des prix internationaux.
Mohamed M’jid, le militant de tous les fronts
Celui qui est considéré comme étant le père du tennis marocain s’est véteint le 20 mars à l’âge de 93 ans. Natif de Safi, Mohamed M’jid est président de la Fédération royale marocaine de tennis pour 45 ans. Il la quitte en 2009 pour se consacrer à la lutte contre les inégalités sociales, via la Fondation M’jid. Il met en place dans le quartier El Hank (Casablanca) une école, un centre de formation, une résidence universitaire et un centre d’hémodialyse. Mohamed M’jid avait également un parcours politique. Après avoir fait ses premières armes de militant avec Mehdi Ben Barka au sein de l’Istiqlal, il est député du Rassemblement national des indépendants (RNI) en 1983. Mais il ne fait pas long feu dans le parti. Il évoque cette période avec déception et se désengage de la vie politique. Il reste une figure paternaliste chère aux Marocains.
Farid Belkahia, l’artiste cosmopolite
Une référence de l’art contemporain au Maroc s’éteint en septembre 2014. À 80 ans, Farid Belkahia est un peintre et un plasticien de grande renommée. Il inscrit son œuvre au cœur des questions identitaires et recourt à des matières spécifiques pour mettre en relief cet aspect. Il se passionne pour l’art dès l’âge de quinze ans. Après ses expositions dans sa ville natale, Marrakech, il est un des premiers plasticiens marocains à exposer à l’étranger. Il collabore aussi pour la revue Souffles, avant de devenir directeur de l’École supérieure des Beaux-arts de Casablanca, jusqu’en 1974. À partir de cette date, il se consacre pleinement à sa passion pour l’art plastique.
Ahmed Zaidi, le socialiste contestataire
À 61 ans, ce député USFP trouve la mort dans sa circonscription à Bouznika. Ancien journaliste, Ahmed Zaidi est élu au Conseil de la commune rurale de Bouznika en 1977. Il est ensuite président de la commune de Cherrat, puis député pour la circonscription de Bouznika-Benslimane. Au sein de son parti et malgré sa fronde contre l’actuel secrétaire général, Driss Lachgar, beaucoup restent unanimes en évoquant son engagement et son charisme politiques. Appuyé par une vingtaine de députés, il avait comme projet de rejoindre l’UNFP pour lui donner une nouvelle vie. Mais, le 9 novembre, la voiture qu’il conduisait est submergée par les eaux de l’ Oued Cherrat.
Abdellah Baha, l’homme des compromis
Le secrétaire général adjoint du PJD était aussi le bras droit du chef du gouvernement, Abdelilah Benkirane. L’ancien ministre d’Etat est mort le 8 décembre, en se rendant sur les lieux où Ahmed Zaidi a perdu la vie. Abdellah Baha aurait souhaité se recueillir surplace, au moment où un train qu’il n’aurait pas pensé être si près le percute sur la voie ferrée. Pour ses collaborateurs, ses amis et ses proches, Baha incarne la sagesse, le dialogue et le compromis, plutôt que la précipitation. Lors des années 1990, il est aussi l’homme clé des discussions entre Hassan II et la future formation du PJD.
Mohamed Bastaoui, l’acteur au sourire franc
Quelques jours après la présentation de l’opus où il joue, L’orchestre des aveugles, lors de la dernière édition du Festival international du film de Marrakech, le comédien Mohamed Bastaoui décède le 17 décembre. À soixante ans, il mène un combat acharné contre sa maladie survenue depuis longtemps, avant d’y succomber, à l’hôpital militaire de Rabat. Riche de ses expériences en théâtre, à la télévision et au cinéma, la carrière artistique de ce natif de Khouribga lui témoigne du talent qu’il a su construire au fil du temps, au fur et à mesure de son cumul d’expériences.