Hocine Aït Ahmed : La fin du fils de la Toussaint
Une perte incommensurable pour l’Algérie, et sans doute aussi pour le Maroc. Hocine Aït Ahmed (1926-2015), l’un des principaux dirigeants du Front de Libération Nationale (FLN) et fondateur du Parti des Forces Socialistes (FFS) s’est éteint à 89 ans à Lausanne, des suites d’une longue maladie.
Il était le dernier encore en vie des neufs « fils de la Toussaint », ceux qui ont déclenché la guerre contre la puissance coloniale française, le 1er novembre 1954. Eminent universitaire, farouche défenseur de la démocratie et opposant au régime algérien, pro-kabyle et proche du Maroc, il n’a jamais cessé de militer pour l’unité du Maghreb.
Omar Sharif : Adieu Jivago
Il a marqué le 7ème art. Omar Sharif (1932-2015), né à Alexandrie en Egypte dans une famille arabe chrétienne, a débuté sa carrière d’acteur en 1954, après avoir été repéré par le cinéaste Youssef Chahine. Le film qui le propulse sous les feux de la rampe n’est autre que Les Eaux Noires (1956), où il donne la réplique à la mythique Faten Hamama. Les deux vedettes incarnent un couple à l’écran comme à la ville, c’est d’ailleurs pour elle qu’Omar Sharif (de son vrai nom, Michel Chalhoub) se converti à l’islam. En 1968, ils divorcent, et Omar Sharif entame une carrière à Hollywood. Il enchaine les succès cinématographiques (Lawrence d’Arabie, Docteur Jivago) et les conquêtes (Barbara Streisand, Anouk Aimée) mais ne se remariera jamais. L’un des derniers films où il est apparu est marocain. Il s’agit de Rock the Casbah, réalisé par Leïla Marrakchi en 2012.
Larbi Messari : Grand serviteur du Maroc
Tétouanais d’origine, Mohamed Larbi Messari (1936-2015) a débuté sa carrière dans le journalisme, en 1958, à la Radio Nationale avant de rejoindre le quotidien arabophone Al Alam (Istiqlal) et d’en devenir le directeur. Ministre de la Communication entre 1998 et 2000 dans le premier gouvernement d’Abderrahmane Youssoufi, il s’est aussi illustré en tant que diplomate, en occupant le poste d’ambassadeur au Brésil, mais aussi en tant qu’historien, notamment à travers deux ouvrages, l’un sur Mohammed V, l’autre sur les relations maroco-espagnoles.
Jean Lacouture : La fin d’une époque
Journaliste pointu, biographe brillant, humaniste campé à gauche, Jean Lacouture (1921-2015) a marqué la France, l’Egypte et sans doute aussi le Maroc. Un pays où il a rencontré Simone Miollan, « son voilier », la femme de sa vie. Un pays et ses rouages, qu’il a su décortiquer avec talent et concision après l’Indépendance, dans un ouvrage intitulé Le Maroc à l’épreuve, qui figure dans la collection L’Histoire immédiate lancée en 1961. Pour beaucoup, il s’agit d’un des meilleurs livres, avec Autocritique de Allal El Fassi, qui rendent compte du royaume à cette époque.
Fatima Mernissi : Quand s’éteint la lumière
Derrière elle, demeure un héritage immense, mais aussi un vide. Fatima Mernissi (1940-2015), sociologue et militante féministe, est (et restera) une icône au Maroc et au-delà, notamment pour son travail sur le féminisme, l’islam et la modernité. Forte de sa formation au Maroc, aux Etats-Unis, puis en France, Mernissi a construit une approche singulière à travers laquelle elle a dégagé une pensée « arabe ». Engagée dans une forme de féminisme par l’intellect, elle a abordé cette question par le prisme de l’Histoire et du rapport de force au sein de nos sociétés patriarcales. Elle laisse des ouvrages références en la matière comme « Sultanes oubliées : femmes chefs d’État en Islam » ou encore « Le Harem et l’Occident ».
Khaled Al-Assaad : Victime de la barbarie
Il était l’un des plus éminents spécialistes du Monde Antique. Khaled Al-Assaad (1932-2015) a été décapité par Daech, cet été. Cet ancien directeur du site de Palmyre, a voulu rester dans cette ville jusqu’au bout et l’a payé de sa vie. Né à Tadmor en Syrie, il était aussi considéré comme l’un des pionniers de l’archéologie syrienne, notamment grâce à sa découverte d’un cimetière byzantin et d’une mosaïque du IIIème siècle, qui dépeint la lutte entre un humain et un animal ailé. Erudit et bon vivant, il parlait couramment l’araméen et avait onze enfants, tous passionnés d’archéologie.
Abdelaziz Bennani : Monsieur Sahara
Né à Taza, Abdelaziz Bennani (1935-2015) a gravi tous les échelons avant de s’imposer comme le n°2 de l’Armée marocaine. Formé à l’école Saint Cyr après l’Indépendance du royaume, il se fait remarquer au cours de la Guerre des Sables (1963), puis lors des deux tentatives de putsch contre Hassan II. Devenu proche du souverain, il joue un rôle vital dans la préparation de la Marche Verte, en 1975. Un an plus tard, il participe à la guerre contre le Front Polisario, écope du surnom « le renard du désert », et supervise la construction du Mur de Sable. Lorsque Mohammed VI accède au trône, le Général Bennani lui prête allégeance et se voit nommer Inspecteur Général des Forces Armées Royales (FAR).