Le 31 janvier 1958, un bombardier B-47 prend feu sur la base aérienne américaine de Sidi Slimane, qui est alors évacuée : l’avion transporte une bombe nucléaire. L’incident sera tenu secret par les autorités américaines.
Le jour se lève à peine à Sidi Slimane ce 31 janvier 1958, lorsque d’épaisses colonnes de fumée s’élèvent de la base aérienne américaine, qui borde la forêt du Gharb. Sur la piste, un bombardier B-47 est en feu. Les pompiers sur place tentent en vain d’éteindre l’incendie pendant dix minutes puis évacuent la base avec le reste du personnel : une bombe nucléaire est à bord du B-47, qui effectuait un exercice d’alerte.
Lors de l’évacuation, deux pilotes américains se perdent à hauteur de Petit-Jean (Sidi Kacem) et une habitante vient proposer son assistance. « Il y a une bombe atomique qui brûle sur la base et qui va exploser », préviennent-ils. Le chef de la police locale alerte M’Hamed Boucetta, alors directeur de cabinet de Omar Balafrej aux Affaires étrangères, qui contacte à son tour l’ambassade américaine à Rabat pour s’enquérir de la situation.
Pris au dépourvu par l’appel de Boucetta et visiblement ignorant l’accident, Ben Franklin Dixon, chef de la section politique de l’ambassade, se renseigne auprès du commandant adjoint de la base de Sidi Slimane. Ce dernier lui confirme l’incendie, mais assure qu’il n’y a aucun danger : « Ça va juste brûler. Il pourrait y avoir de la matière fissile autour de l’avion, mais ça ne blessera personne ».
La bombe nucléaire transportée par le B-47 est en effet composée de deux éléments, une capsule nucléaire et une charge explosive, qui doivent être reliés et activés par l’équipage pour provoquer une explosion atomique. Ce dispositif de sécurité a empêché qu’une telle explosion se produise lors de l’accident.
Par Christophe Guguen
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