Révélé avant l’islam, le christianisme a commencé à se répandre au Proche-Orient avant de se lancer à la conquête du pourtour méditerranéen. Tout le Maghreb était concerné par l’expansion chrétienne. Avant que n’arrive l’islam.
Il est lointain, flou, complexe et oublié, notamment depuis l’expansion, réussie, des Arabo-musulmans, et pourtant il a existé. Le christianisme en Afrique du Nord jouit d’une histoire dense, même si les traces et les témoignages qu’il a laissés sont rarissimes. Il est pourtant possible, du moins partiellement, de retracer l’origine de son implantation et l’impact qu’il a eu sur les populations. Des premiers martyrs aux figures berbères mythiques qui ont porté l’Eglise africaine, voici une courte histoire du christianisme marocain et maghrébin.
Du passé chrétien au Maroc, hormis quelques rares vestiges, il ne reste que très peu de choses. Et il est nécessaire, pour en dessiner les contours, de le lier à l’Afrique du Nord, où les origines et le développement du christianisme s’inscrivent dans une double histoire. Il y a d’abord celle de Rome, qui étend les racines de son pouvoir sur le continent africain à partir de 146 avant Jésus-Christ, à la fin de la troisième guerre contre sa rivale Carthage (dans l’actuelle Tunisie). Une histoire complexe, où l’Empire romain a lui-même subi de nombreuses mutations politiques, économiques et religieuses, non sans impacter et influencer ses provinces occupées. Et puis, il y a aussi l’histoire des Africains eux-mêmes, Berbères et Numides, installés sur un territoire s’étalant de la Libye au Maroc actuel. “Cette «île du Couchant», alors peuplée de six ou sept millions d’habitants, comptait des agglomérations importantes. On relève près de cinq cents villes, dont au moins deux cents dans les limites de l’actuelle Tunisie, en particulier le long du littoral méditerranéen, d’Oea – Tripoli – à Sala – Chellah, près de Rabat, qui connaissaient un artisanat et un commerce actifs. Dans l’intérieur du pays comme sur les hautes plaines, les populations s’adonnaient à la culture des céréales, à l’oléiculture et à l’élevage. Venaient enfin des tribus nomadisant sur les marches du Sahara. C’est donc dans ce monde africain soumis à une occupation romaine difficilement supportée, secoué de violents soubresauts, que va naître et se développer une chrétienté qui deviendra, en son temps, la plus marquante d’Occident ”, décrit François Decret, spécialiste de l’Afrique antique.
Par Nina Kozlowski
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