Dès l’avènement du Protectorat, les autorités françaises établissent un projet de loi pour la sauvegarde du patrimoine. Sa version arabe serait la source du dahir du 3 février 1914, portant sur la préservation de notre patrimoine national.
Le projet du premier texte de législation sur la question du patrimoine au Maroc date de 1912. Ce texte émane des autorités coloniales et du général Lyautey, mais ne porte pas de date. Quant à sa version en arabe, produite par le sultan à Rabat le 16 dhou al-hijja (26 novembre 1912), elle deviendra sans doute le dahir du 3 février 1914 publié dans le Bulletin officiel du 27 février 1914. Le 8 novembre 1913, dans un ordre de service signé du Résident général Lyautey en personne, la question du patrimoine est d’abord conçue comme un programme de restauration des monuments historiques en général et des palais sultaniens en particulier, le tout sous la direction de Maurice Tranchant de Lunel, nommé par Lyautey en novembre 1912 à la tête du Service des Beaux-arts et des Monuments historiques. Les deux textes donnent à voir comment le régime du Protectorat, dont l’étymologie renvoie à la sauvegarde et à la protection, permettait au Makhzen par le biais du sultan et du chambellan, de faire usage de son autorité et de sa symbolique pour publier de nouveaux décrets (dahirs), lui permettant de restaurer et en même temps de se restaurer. Ce décret relatif à la patrimonialisation offrait aussi au Makhzen un moyen légal de se poser en protecteur de tous les monuments marocains depuis l’antiquité jusqu’à l’établissement du Protectorat, des inscriptions en toutes langues et des vestiges se trouvant dans le domaine public ou privé.
Par Jillali El Adnani
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