Le Maroc sans le Rif serait-il le même ? Cela a d’ailleurs failli se produire avec la proclamation de l’éphémère République du Rif. Les frustrations cumulées et l’indifférence du pouvoir central à leur égard ont poussé les Rifains à chercher fortune ailleurs.
Les récents attentats de Bruxelles, du 22 mars dernier, ont mis sous les feux de l’actualité les 700 000 Marocains qui résident en Belgique, dont un grand nombre, peut-être les trois quarts, sont originaires du nord du Maroc. Parmi eux, il y a une très forte proportion de Berbères rifains installés dans le pays depuis les années 1960. Cette population provient majoritairement de la zone dite d’influence espagnole durant le Protectorat franco-espagnol (1912-1956). Profitant du massacre de Bruxelles, l’historien Pierre Vermeren a jeté un pavé dans la mare en avançant une théorie pour le moins téméraire. Selon lui, les Rifains de Belgique seraient des contrebandiers dans l’âme, des trafiquants de drogue et de potentiels terroristes qui, par haine du Makhzen, auraient scellé une alliance avec Daech. Si la pérenne hostilité du Rif, pays de « siba » par excellence, envers le pouvoir central n’est pas une théorie farfelue, montrer du doigt tous les Rifains dans cette théorie conspirationniste, en donnant comme exemple Abdelhamid Abaaoud, le cerveau des attentats de Paris, qui est paradoxalement soussi, dénote d’une certaine méconnaissance des Rifains et de leur diaspora.
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