Si l’effondrement quasi-simultané des États d’Afrique du nord a eu, à peu de choses près, les mêmes causes, les conséquences furent bien différentes d’un pays à l’autre. Au Maroc, les champions du Jihad étaient les Saâdiens, nouveaux maîtres de l’Aqsa, tandis que le reste du Maghreb tomba entre les mains des Ottomans.
Sous le couvert d’une faiblesse politique généralisée, les Espagnols et les Portugais se lancent au XVème siècle dans l’occupation de plusieurs villes du Maghreb. Cette action prive les États maghrébins de ressources vitales, les plongeant dans une crise économique qui fragilise davantage leur pouvoir. Au début du XVème siècle, donc, le Maghreb est marqué par une fragmentation politique croissante et une autorité centrale en déclin. Les tribus et les pouvoirs locaux prennent de l’influence, les principautés se multiplient, et certaines régions sont laissées à l’abandon. Ce déclin s’accentue avec la perte du contrôle des routes commerciales et l’émergence des zaouïas. Pendant ce temps, de l’autre côté de la Méditerranée, les Ibériques se lancent dans la Reconquista et portent leur attention sur l’Afrique du Nord. Ils sont encouragés par la faiblesse politique de la région, ainsi que par leur supériorité en navigation, cartographie et construction navale. Ils disposent également d’une avance technologique en matière d’armes à feu et bénéficient du soutien de l’Église catholique, qui voit leur action comme une réponse à l’invasion ottomane en Europe. Les intérêts économiques sont également au cœur de cette entreprise.
Par Younes Mesoudi
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